Agir comme consultant...
Nous avons débuté une série sur les valeurs en nous interrogeant sur les sujets suivants :
► Comment transmettre nos valeurs ? Et nous avons exploré la piste suivante : les incarner en étant un exemple…
Nous allons, dans ce 4ème volet, parler d’une autre modalité pour transmettre nos valeurs, et pour les faire valoir quand il y a collision de valeurs : agir comme un consultant.
Scènes de la vie ordinaire
« Lave-toi les dents, c’est important, tu sais, pour ne pas avoir de caries », « Couvre-toi plus, tu vas attraper froid », « Tu devrais porter ton sac à dos différemment, tu vas te faire mal au dos ».
Parfois, en tant que parent, nous avons le sentiment de devoir répéter les choses 100 fois. Et confusément, en le faisant, on sait que notre message n’est pas reçu comme on le souhaiterait. Cela ne marche pas. Voire même, plus on le répète, plus l’enfant résiste. Alors comment faire quand on veut faire passer un message important pour nous ?
Une solution est ce que Gordon a appelé Agir comme un consultant. Elle a pour avantage de présenter peu de risques pour la qualité de la relation. Il y a d’autres moyens, bien sûr, pour aller au-devant des différends de valeurs (Gordon en a répertorié 8)
Mais celui-ci pourra être choisi et est très efficace !
Pour Agir comme un consultant, le parent doit d’abord se documenter en cherchant des éléments qui viennent illustrer et renforcer son propos. Des livres (adaptés à l’âge), des articles, des images, illustrations, etc.
Puis, il doit préparer son message, sans menaces déguisées. On émet le message dans des conditions favorables, pas dans la course, mais dans un moment de calme partagé.
« Tu sais, je suis embêtée de voir que, parfois, tu ne te laves pas les dents. En fait, cela a un impact sur la santé de tes dents. Tiens, je t’ai trouvé un article/ livre qui parle de cela. »
Et puis après, la partie la plus difficile… Après, ON SE TAIT. On fait confiance à l’enfant, on le laisse prendre connaissance des documents. On peut les lui lire s’il ne sait pas le faire mais, SURTOUT, on ne répète pas encore et encore « N’oublie pas ce que je t‘ai dit et l’article, hein ?? Lave-toi bien les dents… »
On fait confiance à l’enfant, on lâche et on attend… Parfois, cela prend quelques jours, parfois, cela se compte en semaines ou en mois. Et, souvent, le miracle arrive. Un jour, l’enfant prend sa décision.
C’est en cela que Thomas Gordon a appelé ce procédé : « Agir comme un consultant ». Si je travaille dans une entreprise qui utilise des consultants, et que ces consultants ne cessaient de me répéter : « as tu mis en place la solution que je t’ai préconisée ?? », « Je vois que tu ne l’as pas fait, tu sais que cela va avoir des conséquences pour toi ??? », alors je pense que je n’aurai qu’une envie : les congédier !!
C’est amusant comme souvent, on ne se permet pas des choses entre adultes qu’on se permet avec nos enfants !! Or dans ce cas l’effet de ce comportement du parent est le même : de même que l’adulte a envie de congédier le consultant, l’enfant dans ces moments là se ferme, voire s’enferme dans son comportement. Tout ce qu’on souhaitait éviter !!
Sa fille portait, car c’était à la mode partout à ce moment-là, son sac à dos très lourd, très très bas dans le dos. Il était bien entendu inquiet que cela lui fasse mal au dos. Ce phénomène de mode était tel que, effectivement, les médecins ont commencé à voir des cas de scoliose très accrus et plusieurs articles sont sortis à ce propos dans la presse. Alors le père, qui était déjà monté au créneau à de nombreuses reprises sans grand succès, a saisi l’aubaine et a eu une conversation avec sa fille. « Tu sais, pour ton sac à dos, on commence à voir des effets sur la santé du dos des enfants de ton âge. Tiens, regarde les articles. » Surtout, éviter : « je te l’avais bien dit » ou « si tu as mal un jour, ne t’étonne pas » ou tout autre message qui ne ferait que renforcer la résistance de l’enfant.
Ce papa a alors attendu plusieurs semaines SANS RIEN DIRE. Et cela a été difficile pour lui. Tous les matins voir son enfant partir en sachant qu’il se fait peut-être mal au dos, et ne rien dire !! Et un jour, miracle : sa fille revient avec le sac à dos ajusté…
Elle lui a dit : « ah oui, j’ai commencé à avoir mal, alors je me suis dit que c’était le sac à dos. » MAGIQUE !! Et là, surtout ne pas dire : « tu as bien fait de m’écouter » ou « tu vois j’avais raison » !! Mais juste : « super !! Je pense que tu as pris une belle décision. »
Alors, bien sûr, tous les sujets ne pourront être traités de cette façon, mais cela vaut vraiment le coup d’essayer. Clarifier sa position, la documenter, la dire une fois et lâcher prise, faire confiance. Magnifique recette pour autonomiser nos enfants.
Nathalie Reinhardt
Présidente Association Les Ateliers Gordon
► Transmettons et défendons nos valeurs ! (Partie 1) - Qu'est ce qu'une valeur ? Pouvons nous la choisir ? ► Lire l'article
► Transmettons et défendons nos valeurs ! (Partie 2) - Comment transmettre nos valeurs ? Incarner nos valeurs et être un exemple ► Lire l'article
► Transmettons et défendons nos valeurs ! (Partie 3) - Comment transmettre nos valeurs ? Les partager en nous révélant ► Lire l'article
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