top of page
RESSOURCES  / BLOG

Blog

Photo du rédacteurLéonie Perrey Nguyen

Recevoir les peurs d'un enfant

Nous vous partageons cet article pour vous parler de l’importance de créer des espaces d’écoute avec nos enfants afin qu’ils puissent nous parler de ce qui leur fait peur, et cela, sans jugement. Léonie Perrey Nguyen, formatrice Gordon, nous raconte une situation qu’elle a vécue dans son enfance. 


Quand j’étais en primaire, avec mes copines, nous étions très fan d’une série télévisée assez connue à l’époque : “Hélène et les garçons”. On avait envie d’être grandes et indépendantes comme Hélène, Johanna et Cathie, d’aller à la fac à Paris, on se projetait sur leurs personnalités, et on s’amusait à rejouer les scènes dans la cour de l’école.  

 

Un jour, dans la série, il y a eu des scènes qui montraient Christian (Cricri d’amour pour les fans ;-) sous l’emprise de la drogue, qui se détourne de sa copine, de ses amis, de ses études et commence une relation avec Arielle, une dealeuse … Je me rappelle encore des traces de piqûre sur son bras. 


Et de mon regard de petite fille de 10 ans assez préservée durant mon enfance, je pense que cela m’a vraiment impressionnée. Je ne comprenais pas tout, et son changement de comportement m’inquiétait beaucoup.  

Des nuits durant, j’ai fait des cauchemars : quelqu’un me droguait, je perdais tout libre arbitre. Je me réveillais alors tétanisée, au milieu de la nuit, les yeux grands ouverts, en imaginant le pire.  

Et même encore maintenant, adulte, j’évite les films qui parlent de drogue, je détourne la tête s’il y a des scènes avec de l’héroïne et des aiguilles. 


Pourquoi elle vous raconter cet épisode de son mon enfance, quelque peu dérisoire… les années ayant passé ? 


Mes parents trouvaient “Hélène et les garçons” bébête et ne se privaient pas de me le dire. Mon père m’interdisait tout simplement de regarder. Ces jours-là, je regardais le petit résumé sur Télé7 jours pour pouvoir quand même débriefer le lendemain et éviter d’être larguée par rapport aux copines. Ma mère me laissait regarder, mais durant l’épisode, elle passait à côté de la télé en faisant des commentaires.  

Vous voyez la scène ? 


Avec le recul, on est d’accord que ce n’était pas un chef d’œuvre ! Les acteurs ne jouaient pas très bien, c’était mièvre et irréaliste pour une vie d’étudiants, mais avec mes copines, cela nous faisait rêver. 


En réfléchissant à mes cauchemars, je pense que ce qu’il m’a manqué, c’est tout simplement de pouvoir en parler à un adulte, sans être jugée, pour pouvoir dire cette peur, mettre des mots et du sens sur ce que j’avais vu.  

Comme j’avais très peur que mes parents sautent sur l’occasion pour m’empêcher de continuer à regarder ma série préférée, je n’en ai pas parlé.  


J’ai préféré les cauchemars et les nuits d’angoisse, plutôt que ne pas satisfaire mes besoins de divertissement, de rêverie et d’appartenance. 

Mes parents ne soupçonnaient pas forcément que des scènes d’Hélène et les garçons puissent me traumatiser ! et d’ailleurs des générations d’enfants ont regardé sans que cela ne les choque … ;-) 

 

Avec la multiplicité des supports d’écrans, l’accès à internet qui s’est démocratisé, les téléphones à la sortie du collège et dans les transports, les risques que les enfants et adolescents soient exposés à des contenus qui les choquent, se sont multipliés.  

Quand les enfants sont  petits, on peut veiller au contenu qu'ils regardent mais finalement, plus ils grandissent, moins on peut filtrer en amont. 

Aujourd’hui, on constate que l’âge d’exposition à la pornographie avance d’ailleurs chaque année. Par exemple, un copain de mon enfant peut lui montrer une vidéo dans un vestiaire. (A 12 ans, près d’1 enfant sur 3 a déjà été exposé à du contenu pornographique)


Une scène à hauteur de regard d’enfant peut leur faire peur, sans que moi, en tant qu’adulte, je ne l’ai anticipé.  

La question n’est pas de les préserver à tout prix mais de pouvoir les accompagner. 

Ce qui fait traumatisme, c’est le manque de sens, et la solitude vécue face au choc émotionnel. 


En tant que parent, je peux travailler à essayer de créer un espace où mes enfants peuvent parler de ce qui les tracassent ou les préoccupent, sans se sentir jugés.  

Epictète déjà ! écrivait “Savoir écouter est un art”, et Léonie, formatrice Gordon ajoute, “un art qui s’apprend”.  

Le “tu peux tout me dire” a ses limites car la confiance ne se décrète pas. 

Cela demande un travail de tous les jours, pour que justement le jour où il y a un gros problème, la confiance soit là.  


Et accueillir cette parole n’est pas si facile ! Loin de là ! 

  • Pouvoir se taire,  

  • ne pas faire de commentaires,  

  • ne pas faire la morale,  

  • ne pas laisser transparaître (trop) son inquiétude pour que l’enfant puisse dérouler son problème jusqu’au bout,  

  • ne pas minimiser, 

  • ou ne pas rire d’une peur d’enfant…  

autant de savoir-faire relationnels qui demandent de l’entrainement.  

Avant même de pouvoir écouter activement ! 

Nous sommes souvent câblés pour glisser une remarque moralisatrice, ironiser, rassurer, ou donner notre avis trop tôt … 


Alors si vous avez envie de venir muscler les compétences permettant un cadre d’écoute et de confiance, réservez votre place pour la prochaine session d’embarquement d’un ateliers Gordon. 


Et vous ? Avez-vous le souvenir d’une peur d’enfant que vous n’avez pas osée confier ? Ou qui a été mal accueillie ? 


Vous pouvez retrouver d'autres articles de Léonie dans son espace substack "Des silences et des mots".

Comments


bottom of page