En tant que parent, nous avons tendance à être souvent, voire trop souvent pour certains (c’était mon cas), derrière nos enfants pour les aider à faire leurs lacets, leur cartable, choisir leurs vêtements de la journée... Mais dans notre quête de bien faire pour l’éducation de nos enfants, agissons nous réellement pour leur bien ?
Malheureusement pour nous et surtout pour eux, je vous dirai que NON. Au contraire…
Distinction entre « aider » et « faire à la place de »
Il est nécessaire de faire la distinction entre « aider » et « faire à la place de ». Si nous sommes toujours derrière notre enfant, il peut le prendre comme message implicite : « tu n’es pas capable de le faire donc je le fais à ta place ». C’est donc au lieu d’une aide, une attaque dans l’estime d’eux-mêmes et un obstacle à son indépendance. Il aura du mal à avoir confiance en lui, car il aura l'impression que seul il ne peut pas y arriver.
« Attention », « Ne touche pas ci, ne touche pas ça », « Ne va pas trop vite, tu vas tomber » sont des phrases qui peuvent faire partie de notre quotidien dans les premières années de vie de notre enfant. Mais ce dernier grandit et ce genre de phrase reste encore bien présent : « tu devrais faire plutôt comme ça », « attends, tu vas faire une bêtise là », « laisse-moi faire »… et le risque est que petit à petit l'enfant se sente inutile et incapable car nous sommes toujours derrière lui pour le reprendre.
Alors que faire ? Comment faire pour accompagner notre enfant ?
Comme tout, il faut "seulement" trouver le juste milieu !
Bien évidemment, un enfant a besoin d’exemples, de points de repère, de règles. Et parfois, nous pouvons aussi faire à sa place. En agissant ainsi, nous avons l’impression d’aider notre enfant, mais si on analyse la situation, on se rendra compte que c’est souvent pour nous que nous le faisons, pour aller plus vite, pour ne pas perdre patience, pour pouvoir passer à autre chose, pour se rassurer… Pour être plus explicite, nous agissons ainsi pour combler inconsciemment notre propre besoin (rapidité, patience, efficacité, sécurité...)
Or, il est important de comprendre que l’enfant a besoin de temps pour passer toutes les étapes qui lui permettront d’arriver à son but. Il a aussi besoin de faire des erreurs et de recommencer. Il essaie au travers de ses actions, de combler ses propres besoins. En l’empêchant de le laisser faire ses propres expériences et cheminements, on l’empêche de prendre confiance en lui et de devenir autonome. C’est pourquoi il faut savoir faire la différence entre « aider » et « faire à la place de ».
Il se peut que lorsque notre enfant nous demande de l’aide, sa requête en réalité est tout autre… Sa demande est très souvent dans la seule optique d’avoir une présence, de capter notre attention, de passer un moment avec nous. Alors saisissons cette occasion et laissons-le expérimenter seul, sous notre regard bienveillant !
Définir à qui appartient le problème
La question centrale posée lors d'un atelier Gordon et qui permet d'y voir plus clair est "à qui appartient le problème ?". Est-ce que le problème nous appartient ou bien est-ce le problème de notre enfant ? Faire cette distinction permet de ne pas TOUT s'approprier et de ne pas porter tous les problèmes de nos enfants.
Elle permet aussi de savoir comment réagir.
Lorsque notre enfant vient nous solliciter (aide ou communication), peut-être vient-il juste chercher un conseil, un accompagnement pour le guider. Il a besoin que nous écoutions ce qu'il veut (pour combler son besoin). Pour le dire différemment, il vient chercher notre écoute pour l'aider à résoudre son problème. Dans l'approche Gordon, la posture de l'écoute est particulièrement adaptée à cette situation. En effet, le problème appartient à notre enfant et doit être résolu par notre enfant pour qu'il gagne en confiance et en autonomie. En tant que parent, c'est par le biais de l'écoute et la reformulation que nous allons pouvoir l'aider à comprendre ce qu'il ressent, à identifier ce qui lui pose problème et donc son besoin, et à l'aider à trouver sa propre solution.
Faisons confiance à nos enfants et croyons en leurs capacités ! Soyons simplement présents pour les accompagner…
Par Sandrine Mallet Lecharny, formatrice Gordon www.sandrine-mallet-lecharny.com
Comments