Extrait du livre Parents Efficaces, dernière édition 2020.
Dans notre société, la parentalité est davantage envisagée comme une manière d'influer sur la croissance et le développement des enfants que sur la croissance et le développement des parents. Trop souvent, être parent signifie «élever» des enfants: ce sont eux qui doivent s'adapter aux parents. On parle d'enfants difficiles, mais jamais de parents difficiles. Ni même de relations parent-enfant difficiles.
Pourtant, tous les parents le savent : dans leurs relations avec un conjoint, un ami, un parent, un supérieur hiérarchique ou un collègue, il y a des situations où il faut évoluer pour éviter des conflits graves ou pour préserver la qualité de la relation. Nous avons tous déjà changé d'attitude au sujet du comportement d'une autre personne - pour mieux accepter la façon d'être de l'autre en changeant notre propre attitude face à ce comportement. Peut-être avez-vous été très contrarié.e par l'attitude d'un ami, qui arrive systématiquement en retard aux rendez-vous ? Puis au fil des ans, vous vous êtes fait une raison, peut-être même avez-vous commencé à en rire et à le taquiner à ce sujet; vous acceptez ces retards comme une caractéristique de cette personne. Son comportement n'a pas changé. C'est votre attitude qui a évolué. Vous vous êtes adapté. Vous avez changé.
Les parents, eux aussi, peuvent changer d'attitude face aux comportements de leurs enfants.
La mère de Dana a commencé à mieux accepter le besoin de sa fille de porter des jupes très courtes en repensant à la période de sa propre vie où elle-même avait adopté la mode des minijupes et des grandes bottes, à la consternation de sa propre mère.
Le père de Ricky, 3 ans, s'est mis à mieux accepter l'hyperactivité de son fils en découvrant, dans un groupe de discussion réunissant d'autres parents, que ce type de comportement était très courant chez les garçons de cet âge.
Les parents seront bien avisés de comprendre qu'ils peuvent réduire le nombre de comportements qu'ils trouvent inacceptables en changeant eux-mêmes, afin de mieux accepter le comportement de leurs enfants, ou des enfants en général.
Changer dans ce sens n'est pas aussi difficile qu'on pourrait le croire. Beaucoup de parents deviennent beaucoup plus indulgents après leur premier enfant, et parfois même encore plus indulgents après le deuxième et le troisième. Ils peuvent aussi mieux accepter les comportements de leur progéniture après avoir lu un livre sur l'éducation, après avoir assisté à une conférence sur l'éducation des parents ou après avoir eu une
expérience de l'encadrement de jeunes. L'exposition directe aux enfants, ou même les connaissances acquises grâce à l'expérience d'autres personnes peut considérablement influer sur l'attitude des parents. Il existe encore bien d'autres façons de changer pour mieux accepter les comportements des enfants.
Pourriez-vous mieux vous accepter vous-même ?
Des études montrent qu'il existe un lien direct entre l'acceptation d'autrui et l'acceptation de soi. Une personne qui s'accepte elle-même sera plus encline à faire preuve d'une forte acceptation vis-à-vis des autres. En revanche, les gens qui ne sont pas tolérants avec eux-mêmes ont généralement du mal à l'être avec les autres.
Tout parent devra se poser une question fondamentale: « Est-ce que j'aime ce que je suis ? »
Si la réponse sincère révèle un manque d'acceptation de l'individu qu'il est, ce parent gagnera à réexaminer sa propre vie afin de trouver des moyens de se sentir plus épanoui grâce à ses accomplissements. Les individus qui ont une forte acceptation de soi et une bonne estime de soi sont généralement des personnalités productives qui mettent à profit leurs talents, qui valorisent leur potentiel, qui accomplissent des choses et qui sont dans l'action.
Les parents qui parviennent à satisfaire leurs besoins grâce à leurs propres actions productives, non seulement s'acceptent mieux eux-mêmes, mais ils ne cherchent pas à satisfaire leurs besoins à travers le comportement de leurs enfants. Ils n'ont pas besoin que leurs enfants évoluent dans une certaine direction. Les personnalités qui ont une bonne estime de soi, construite sur le socle solide de leurs propres accomplissements indépendamment de leurs enfants, sont plus tolérantes avec leurs enfants et le comportement de ceux-ci.
Si en revanche un parent n'a que peu, voire pas du tout, de sources de satisfaction et d'estime de soi dans sa propre vie et s'il est fortement tributaire, pour cela, du regard que les autres portent sur ses enfants, il n'aura sans doute pas un fort degré d'acceptation vis-à-vis de ses enfants - notamment des comportements susceptibles à ses yeux de le faire passer pour un mauvais parent.
Tributaire de cette « acceptation de soi indirecte », ce parent ressentira le besoin de voir ses enfants adopter certains comportements spécifiques. Et il sera plus enclin à ressentir de l'inacceptation à leur égard et à être fâché avec eux s'ils s'écartent de ce qu'il attend.
Produire des «enfants réussis » avec d'excellents résultats scolaires, une vie sociale bien remplie, des performances sportives, etc. - est devenu un signe extérieur de réussite pour bien des parents. Ils éprouvent le « besoin » d'être fiers de leurs enfants. Ils ont besoin de voir leurs enfants se comporter d'une manière qui fera d'eux de bons parents aux yeux des autres. Dans un sens, bien des gens se servent de leurs enfants pour se valoriser et booster leur estime de soi. Si un père ou une mère n'a pas d'autre source d'estime de soi et de sentiment d'avoir de la valeur, ce qui est malheureusement le cas de beaucoup de parents dont la vie se limite à l'éducation d'« enfants réussis », le décor est planté pour une dépendance à l'égard des enfants. Or ceci rend les parents excessivement anxieux et extrêmement tributaires du fait de voir leurs enfants adopter certains comportements.
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