Nous sommes plusieurs formateurs et formatrices Gordon à intervenir sur le terrain, dans les collèges, les lycées, les maisons de quartier, pour transmettre les outils du vivre ensemble : comprendre les émotions et les besoins, savoir écouter l’autre, s’affirmer de façon juste, gérer les conflits, se positionner comme médiateur…
Dans un contexte de résurgence des rixes inter-quartiers, ces compétences psycho-sociales sont plus que jamais nécessaires.
Parfois c’est vraiment dur, on rame, on se confronte à la violence ordinaire, et c’est un peu David contre Goliath...
Et puis il y a des moments où ça marche. Où les rencontres se font, où l’on constate qu’il y a des solutions qui fonctionnent, où le politique et l’associatif s’allient de façon intelligente et efficace. Alors c’est tellement bon de goûter cette énergie, c’est tellement important aussi, que j’ai voulu raconter cette expérience. Partageons ce qui fonctionne !
Cette photo, c’est une formation sur 4 soirées-ateliers que j’ai animée à Vigneux dans l’Essonne auprès d’une association, Quartiers sans violences : des mères et des pères impactés par le phénomène des rixes, parfois de façon dramatique, et qui agissent, font des maraudes le soir pour aller à la rencontre des jeunes et discuter avec eux.
Nous sommes à la fin du premier atelier : il est 21h30, deux mamans se rendent dans les halls d’immeuble pour parler avec des jeunes du quartier, jusqu’à minuit passé. Des débats s’engagent, les jeunes ne sont pas d’accord. Elles leur proposent donc – chiche ! – de venir à la formation le lendemain …
Le lendemain, le deuxième atelier est en cours quand je vois la porte qui s’ouvre en grand, trois jeunes (18/19 ans) qui entrent, sourire, bonjour, et pof ! ils s’asseyent. Petit moment de flottement, ça ce n’était pas prévu ! Nous en sommes aux émotions. Je poursuis… Une discussion s’engage sur la peur, la colère, les besoins. Les jeunes témoignent, c’est passionnant ! Ils participent aux jeux de rôle, aux exercices, aux débats, ils disent même qu’ils vont revenir…
Et ils reviennent. Acteurs de terrain, professionnels, parents et jeunes parlent ensemble, parfois de choses très dures et les larmes viennent, parfois se sont les rires qui fusent.
Et tous s’entraînent : comment résister aux phénomènes de groupe ? Comment écouter vraiment quelqu’un qui va mal ? Comment se faire respecter sans violence ? Comment créer du lien ? Comment régler un conflit sans que personne ne perde la face ?
Chaque soir ils repartent avec de nouveaux outils relationnels à tester avec leurs proches, leurs collègues, leurs amis.
C’est comme apprendre une nouvelle langue, ce n’est pas simple.
Et, en même temps… ça marche, les choses bougent, petit à petit les prises de conscience et les essais pratiques portent leurs fruits : « ma fille s’est ouverte à moi », « je comprends mieux à qui appartient le problème et comment faire », « je prends du recul par rapport à ce que je me raconte »…
Les 18 personnes qui ont suivi cette formation vont impacter leur entourage, qui à son tour… et je me dis que ce n’est pas de l’utopie mais bien une somme de petits pas laborieux, têtus et joyeux, au service du mieux vivre ensemble.
Formatrice Gordon accréditée Parents, Enseignants et Jeunes
NB : Cette formation a été montée en collaboration avec le CISPD (Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance) de l’Agglomération du Val d’Yerres-Val de Seine et s’inscrit dans le plan de lutte contre les violences inter-quartiers.
Article dans le Parisien : "En Essonne, les parents de villes rivales s’unissent contre les rixes : « Ils sont le dernier rempart »"
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