J’ai eu la chance de vivre à l’étranger, en Angleterre. Quelle ne fut pas ma surprise – dès les premières semaines - de me rendre compte que dans la rue, les magasins, les parcs, les cinémas – se trouvaient de très nombreuses personnes que nous ne voyions que très rarement en France. Elles se fondaient totalement dans la masse, étaient acceptées et accueillies tranquillement – sans gène ou empressement excessif. C’était donc NORMAL qu’elles soient là – et elles semblaient parfaitement à leur aise. Ces personnes étaient des personnes à mobilité réduite ainsi que des personnes avec des déficiences mentales. Quoi !!! Y avait-il plus de personnes en situation de handicap en Grande Bretagne qu’en France ?!!
Je me suis alors rendue compte qu’en France, les personnes en situation de handicap avaient moins de liberté de mouvement, étaient plus à part, parfois « cachées », n’avaient pas toujours les moyens matériels d’être des citoyens comme les autres, d’avoir accès aux écoles, à des traitements et des accompagnements dignes. Et me sont remontées en mémoire les quelques rebuffades, humiliations que mon père – en situation de handicap moteur – avait subies.
Je ne suis pas là pour lancer un débat sur la place des personnes en situation de handicap en France. Les choses ont déjà beaucoup changé. Mais force est de constater que nous sommes encore très en retard sur l’accompagnement et la façon dont nous traitons l’autre – celui qui ne fonctionne pas comme nous. Et cette situation qui concerne le handicap - emblématique et extrême – n’est qu’une extension de la façon dont, en général, nous regardons et traitons celui qui ne fonctionne pas comme nous.
Vous connaissez le cycle infernal : moins je connais, plus j’ai peur, moins je sais comment m’y prendre pour rentrer en relation, plus le fossé se creuse. Et plutôt que d’être en lien, je fuis – voire je moque, j’humilie, je rabaisse, je rejette.
« "Je" est plein d’autres »– Philippe Caubère
Notre malaise ou notre sentiment de rejet face à la différence nous parlent de notre capacité à accepter cette différence.
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, elle nous parle également de notre acceptation de nous-mêmes. De cette part de nous qui n’est peut-être pas dans la norme que nous souhaiterions. Du coup on préfère la cacher à soi et aux autres. Que de violences infligées à tous !
Alors, pour ne pas creuser les fossés, dégrader les estimes, pour que chacun puisse avoir sa place dans notre société complexe, nous avons le devoir de nous réconcilier avec ces parts de nous que nous aimons le moins.
Les accepter telles qu’elles sont. Nous accepter tout entier. C’est ok :-)
Et fort de cela, alignés, nous pourrons nous tourner vers nos enfants et leur faire ce cadeau de l’acceptation inconditionnelle. Et se tourner vers les autres – si différents et si beaux.
Offrir un regard d’acceptation :
Pour ma part, quand je rencontre aujourd’hui une personne en situation de handicap, je tente de la regarder tranquillement dans les yeux – même une ou deux secondes. Comme pour lui dire : « Je te vois – nous sommes différents et c’est ok ». Ni hérisson, ni paillasson, juste à l’unisson !
C’est ce même regard dont on peut se faire cadeau à soi-même : « Je suis comme je suis - et c’est ok ».
Et ainsi nous faisons un double SUPERBE cadeau à nos enfants !
Ils voient en nous des personnes qui s’acceptent telles qu’elles sont – et bénéficient de notre regard acceptant sur eux : « Tu es qui tu es – et c’est TOP ».
Comment nos enfants peuvent-ils croire que nous les acceptons comme ils sont si nous leur démontrons chaque jour que nous ne nous acceptons pas nous-mêmes comme nous sommes ?
A très vite,
Nathalie Reinhardt
Fondatrice de l’Association Les Ateliers Gordon
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